Agenda

De l'encre à la lumière, du silence à la forme. L'exposition « Transcriptions » réunit Ji Songlin et Wang Yuchen, deux artistes d'origine chinoise aux pratiques distinctes mais profondément résonnantes. 

 « Transcriptions » n'est ni une exposition collective ordinaire, ni une simple juxtaposition d'œuvres. C'est un espace de dialogue où chaque artiste déploie son langage tout en se laissant traverser par l'univers de l'autre. 

- Ji Songlin fait émerger de la texture de l'encre de Chine une abstraction minutieuse, semblable à une écriture sans alphabet. Par un geste répétitif et quasi incantatoire, il trace des trames qui construisent une cartographie intime et silencieuse.

- En résonance, Wang Yuchen utilise le cyanotype pour révéler, par la lumière, l'empreinte de pierres. Ces dernières, fixées dans un bleu profond et dense, deviennent des présences minérales et intemporelles. Tous deux explorent la manière dont un signe émerge et persiste, entre apparition et effacement. 

Les médiums employés portent chacun une histoire singulière : l'encre, symbole d'une écriture corporelle et d'une mémoire culturelle orientale ; le cyanotype, technique ancrée dans l'imagerie scientifique occidentale du XIXe siècle.

Leur confrontation souligne une hétérogénéité de départ, mais leur dialogue explore une notion qui transcende les frontières culturelles : celle d'une « écriture élargie ». 

Le spectateur, immergé dans cette exposition, ne découvre pas seulement deux voix distinctes d’œuvres ; il entre dans un processus de transcription continu : de l’encre à la lumière, du silence à la forme ; du latent au visible, de l'invisible au regard. Mémoire, matière et perception s’y entremêlent. « Transcriptions » pose ainsi une question essentielle : l'art peut-il encore réécrire, différemment, notre rapport au monde et à la persistance des signes, qu'ils soient tracés, imprimés ou tus ? 

– Critique par Mengya Zhuang, Lille, 2025